Les Salons de la Société des Amis des Arts de Bordeaux

La Société des Amis des Arts de Bordeaux, fondée en 1851, issue à l’instar de sa consœur parisienne, de l’Académie des Sciences, Belles-lettres et Arts. On retrouve, dans les deux Sociétés des Amis des Arts, l’organisation d’une exposition annuelle, le goût d’un art dit « académique » et la notoriété acquise pour les artistes sélectionnés. Au cours du XIXème siècle, des centaines de sociétés artistiques furent fondées en province et permirent de décentraliser l’éducation artistique, à une époque où les institutions publiques n’avaient pas encore trouvé leur place de médiatrices culturelles.

Il est temps de ne plus le considérer aujourd’hui comme la succursale de son grand frère parisien, pour le reconnaître, enfin, comme une entreprise originale et exemplaire pour l’éveil artistique d’une ville de province. D. Dussol, thèse sur le Salon des Amis des Arts de Bordeaux (1851-1939), 1994

Avant la création de la Société des Amis des Arts de Bordeaux en 1851, une première société, portant le même nom, a été fondée en 1819 par le peintre et dessinateur bordelais Charles-Jean-Pierre-Louis Fieffé Mongey de Lièvreville (1792-1857). Cette société, dont le succès fut rapide, n’organisait toutefois pas de salon. Grâce aux souscriptions de ses adhérents, elle se consacrait à l’achat de tableaux qui leur étaient ensuite décernés par tirage au sort. Soutenue et influencée par la famille royale et de nombreux actionnaires parisiens, la société fut rapidement critiquée pour le choix de ses acquisitions privilégiant les tableaux de maîtres parisiens au détriment des artistes bordelais.  Entre 1827 et 1831, la société a organisé des expositions – avant son évincement par la société philomatique puis sa dissolution.

Des années plus tard, le 15 avril 1851, une nouvelle Société des Amis des Arts vit le jour à Bordeaux. Elle fut créée par un groupe de notables bordelais, avec le soutien du maire de Bordeaux, du préfet de la Gironde et de l’Archevêque. De la première année jusqu’à sa dissolution en 1939, la Société a mis en place un salon annuel qui fut interrompu seulement à deux reprises : en 1871 et durant la Première Guerre mondiale. Cette Société des Amis des Arts a exercé une importante influence sur l'enrichissement des collections du musée des Beaux-Arts, tout particulièrement en raison des achats de tableaux d’artistes contemporains. Nous pouvons noter, par exemple, l’acquisition au Salon de 1852 de La Grèce sur les ruines de Missolonghi  par Eugène Delacroix (1798-1863) ou encore du Bain de Diane par Jean-Baptiste Corot (1796-1875) au Salon de 1858.

Ce salon des Amis des Arts connu un grand succès dans la vie culturelle bordelaise, par ses choix artistiques qui correspondaient aux goûts de son public. Le travail artistique régional était toutefois peu représenté, ce qui lui valut de nombreuses critiques de la part des artistes locaux. En réaction, ces derniers ont créé de nouveaux salons – sans jury et/ou exclusivement réservés aux artistes régionaux, comme la Société des artistes girondins.

©Mairie de Bordeaux, musée des Beaux-Arts, photo F.Deval

Delacroix Eugène, La Grèce sur les ruines de Missolonghi, 1826. Achat au Salon de la Société des Amis des Arts de Bordeaux en 1852

Notice de l'œuvre

Catalogues numérisés du XIXème siècle

Catalogues numérisés du XXème siècle

Pour aller plus loin ...

-D.Dussol, Le Salon des Amis des Arts de Bordeaux (1851-1939), Thèse de doctorat, Bordeaux : Université Michel de Montaigne-Bordeaux III, 1994

-D.Cante, Les peintres de la société des artistes indépendants bordelais 1927-1938, Mémoire de Maîtrise d’Histoire de l’Art : Bordeaux, 1981

-F.Taliano-Des Garets, Les sociétés de peinture à Bordeaux de 1945 à 1975 dans les Annales du Midi, année 1993 Les sociétés de peinture à Bordeaux de 1945 à 1975 - Persée (persee.fr)

-S.Fernandez, P.Sanchez, Salons et expositions Bordeaux (1771-1950) : répertoire des exposants et listes de leurs œuvres, Dijon : L'échelle de Jacob, 2017