Les Salons de la Société des Femmes artistes de Bordeaux

La première société artistique française exclusivement féminine fut fondée en mai 1881 à Paris par la sculptrice Hélène Bertaux (1825-1909). La société instaura dès sa première année un salon annuel, dont on compte 110 éditions. Sa fondatrice, une artiste reconnue et récompensée, vit son ascension se heurter aux résistances masculines sur l’intégration des femmes dans la sphère artistique professionnelle. La création de cette société ainsi que son investissement politique constituent une importante avancée pour l’égalité des sexes dans le monde de l’art. La mobilisation et l’engagement d’Hélène Bertaux ont notamment permis d’instaurer l’accès des femmes à l’École nationale des Beaux-Arts et leur participation à différents concours tels que le prix de Rome.

Sûres d’être à notre place, enrôlons, dans le divin culte de l’art, toutes nos forces vives, nos belles passions. Nous y trouverons du pain, quelquefois la fortune, et, selon nos destinées, des joies et des consolations. La femme y gagnera et la société tout entière avec elle. Hélène Bertaux

Il faudra attendre 1907 pour qu’une société féminine trouve sa place sur la scène artistique bordelaise. Le Salon de la Société des Femmes Artistes fut créée par Marguerite Jacquelin (1850-1941), peintre établie à Bordeaux, sous le patronage de la Duchesse d’Uzès (1847-1933), 3^ème présidente du Salon parisien. Exposant au Salon dès 1879, Marguerite Jacquelin fut probablement confrontée aux mêmes difficultés que son homologue parisienne. Un de ses maîtres, Léon Bonnat, doutait des capacités physiques et intellectuelles des artistes femmes, bien qu’il ait été favorable à leur apprentissage.

Dès lors que les femmes peuvent aspirer aux plus hautes récompenses, il n’y a aucune raison pour qu’elles forment des groupes particuliers excluant les hommes. Qu’elles saisissent plutôt l’occasion qu’elles peuvent les égaler et parfois même les surpasser. Rosa Bonheur

La tenue de ces salons féminins divisait les artistes malgré leur succès grandissant au fil des années. Rosa Bonheur (1833-1899), par exemple, pensant qu’il n’y avait « aucune raison pour qu’elles forment des groupes particuliers excluant les hommes », n’a participé qu’à une seule édition du Salon parisien, celui de 1898, pour apporter son soutien à Hélène Bertaux. Elle fut néanmoins présidente d’honneur de l’Union des femmes peintres et sculpteurs à partir de février 1896, par amitié pour sa cadette Virginie Demont-Breton qui en était alors la présidente. Certaines artistes refusèrent tout simplement de participer à ces salons féminins : c’est le cas de Mildred Bendall (1891-1977) à Bordeaux.

Ce salon annuel bordelais s’est tenu sur les terrasses du Jardin Public à chaque printemps jusqu’en 1994.

*Hors période de guerre. La numérotation laisse penser qu'il y aurait pu y avoir des années avec plusieurs éditions. N'hésitez pas à nous écrire si vous avez plus d'information sur ce Salon ou si vous avez connaissance de la localisation des numéros manquants au musée. 

Hélène Bertaux par Etienne Carjat en 1864, source BnF Gallica

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